Giordano Bruno est devenu la victime la plus célèbre de l’obscurantisme religieux. On ne sait toujours pas quelle fut la raison principale de son exécution : des opinions scientifiques naturelles progressistes ou des déclarations hérétiques.
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Enfance et jeunesse
Giordano Bruno est né en 1548 dans la province de Nola, près de Naples. À sa naissance, Bruno reçoit le nom de Filippo. D’après le nom de sa ville natale, il est surnommé Bruno Nolanza.
À l’âge de 11 ans, le garçon est envoyé à Naples pour étudier la littérature, la dialectique et la logique. À l’âge de 15 ans, Filippo poursuit ses études au monastère de Saint-Dominique. En 1565, Bruno est tonsuré moine. À la même époque, il reçoit le nom ecclésiastique de Giordano.
Activité scientifique et pédagogique
À l’âge de 24 ans, Bruno devient prêtre catholique. À cette époque déjà, le jeune homme est accusé de lire la littérature de l’Index des livres interdits (publié en 1559). Les soupçons sont également éveillés par le fait que Giordano a retiré les icônes de sa cellule et n’y a laissé que le crucifix.
Pour éviter toute enquête, le jeune savant part à Rome en 1576, puis dans le nord de l’Italie, et enfin en Suisse.
À Genève, il entre à l’université. Cependant, il est à nouveau soupçonné d’hérésie. Giordano doit s’installer à Toulouse, en France. Il reçoit un titre d’érudit et, pendant deux ans, il donne des cours de philosophie.
Giordano Bruno à Oxford, relief sur le piédestal du monument à Rome
En 1581, Bruno obtient une place à l’université de la Sorbonne, en France. Il gagne les faveurs du roi Henri III de France.
En 1583, Bruno s’installe en Angleterre. Il s’installe d’abord à Londres, puis à Oxford. Mais des différends avec des professeurs locaux l’obligent à retourner dans la capitale.
Il tente alors de convaincre les proches de la cour élisabéthaine de la véracité des idées de Copernic. Mais il ne trouve aucun soutien. Seul le physicien anglais, médecin de la cour de Jacques Ier et d’Élisabeth Ier, William Gilbert, partage son point de vue.
Deux ans plus tard, Bruno retourne en France. En 1586, il s’installe en Allemagne. Il y cherche en vain du travail. Ce n’est qu’à Marburg, une ville universitaire allemande, qu’il parvient à obtenir une place. Mais très vite, le scientifique est suspendu de ses fonctions.
Giordano s’installe dans la ville de Wittenberg. De 1586 à 1588, il donne des cours. Il part ensuite pour Prague, où il étudie le concept de «magie».
Un an plus tard, Bruno s’installe à Helmstedt, puis à Francfort. Il reçoit des honoraires considérables pour la publication de ses œuvres. En 1591, il est cependant contraint de quitter précipitamment la ville.
Emprisonnement et exécution
À la même époque, Giordano est invité à Venise par le jeune aristocrate Giovanni Mochenigo pour apprendre ce que l’on appelle «l’art de la mémoire» — la mnémotechnique.
Mais dès le 23 mai 1592, Mochenigo envoie à l’inquisiteur la première dénonciation de Bruno. Il y est dit que Giordano répand des opinions hérétiques, nie les principes de la foi chrétienne, émet des hypothèses farfelues sur la structure du monde et s’exprime avec virulence sur les moines.
Procès de Giordano Bruno
Les 25 et 26 mai, deux autres dénonciations de Giovanni suivent. Le philosophe italien est arrêté. Le 17 septembre, l’Inquisition romaine demande à Venise d’extrader Bruno pour le juger. Le 27 février 1593, le scientifique est transporté à Rome.
Bruno passe 6 ans dans les prisons de Rome. Pendant cette période, il refuse de reconnaître que ses opinions et ses croyances sont erronées.
Le 9 février de l’année suivante, le tribunal de l’Inquisition condamne Bruno pour hérésie en vertu de 8 articles. Il est excommunié et déchu de sa dignité de prêtre. Le Nopaléen n’est accusé que d’avoir renié les principes de l’Église, mais il n’est pas fait mention de ses opinions scientifiques comme motif de l’exécution.
Giordano est condamné à être puni «sans effusion de sang». C’est ce que l’on entendait par bûcher. L’exécution a eu lieu le 17 février sur la Piazza del Flores à Rome.
Vision du monde et écrits
La vision du monde de Giordano Bruno combinait de manière surprenante des points de vue magiques et scientifiques progressistes. Il était un admirateur des idées de Nicolas de Cusa et de Copernic, dont les travaux affirmaient que la Terre tournait autour du Soleil. Le scientifique a vivement critiqué le système héliocentrique de l’ordre mondial qui prévalait au XVIe siècle.
Bruno pensait que le Soleil n’était qu’une étoile et que l’univers était infini. Il affirmait qu’il existait d’autres corps célestes, alors inconnus, dans notre galaxie. Le philosophe affirmait également qu’il existait un nombre infini de mondes et de planètes sur lesquels la vie était possible.
Parallèlement, Giordano a mené des recherches sur la magie. Il a distingué 9 formes différentes de magie. Bruno pensait également que l’âme était une unité métaphysique qui pouvait passer d’un corps à l’autre.
Au cours de sa vie, Giordano Bruno a écrit plusieurs ouvrages littéraires et de sciences naturelles. Les plus importants d’entre eux sont les suivants : «De la magie naturelle» (1588), «De l’infinité de l’univers et des mondes» (1584), «L’art de la mémoire» (1582), «De la monade, du nombre et de la figure» (1591), «L’expulsion de la bête triomphante» (1584), «De l’immensité, de l’incalculable et de l’ineffable» (1591).
Monument à Giordano Bruno à Rome, sur le Campo dei Fiori, lieu de son exécution.
Jusqu’en 1948, les ouvrages de Bruno figuraient à l’Index des livres interdits. 300 ans après sa mort, le 9 juin 1889, un monument à la mémoire du philosophe et scientifique italien, en avance de plusieurs siècles sur son temps, a été inauguré sur le lieu de son exécution, Piazza dei Fiori.
Date de publication: 12-26-2023
Mettre à jour la date: 12-26-2023